Le Château est un des lieux culturels majeurs du Sénégal aujourd’hui. Situé au cœur du quartier des pêcheurs de Saint-Louis, il accueille des troupes de danseurs, festivals, leçons de danse, spectacles… entretien avec Faly Diaw et Adèle Guillouzouic, deux membres de son équipe singulière et passionnée.

Le Château, un îlot en bord de mer.

Par Marion Mucciante

Le Château est un des lieux culturels majeurs du Sénégal aujourd’hui. Situé au cœur du quartier des pêcheurs de Saint-Louis, il accueille des troupes de danseurs, festivals, leçons de danse, spectacles… entretien avec Faly Diaw et Adèle Guillouzouic, deux membres de son équipe singulière et passionnée.

Photo : Marion Mucciante
Photo : Marion Mucciante

Depuis quand Le Château est-il devenu un centre culturel ? Quels sont les principaux événements qui s’y déroulent aujourd’hui ? 

FALY : Avant tout, ce lieu était l’ancien palais du gouverneur de la Mauritanie qui se situe sur la Langue de Barbarie, plus précisément en plein coeur du quartier des pêcheurs (Santhiaba), d’où je viens. 

C’est un lieu dont Alioune Diagne, danseur et chorégraphe Saint-Louisien, venait pour faire ses répétitions avec sa compagnie de danse et des danseurs de la ville. Il est devenu Le Château après le festival Duo Solo Danse 2015. Nous l’avons pris en main pour en faire un lieu associatif, et développer des projets d’accueil de groupes et de voyageurs, soutien logistique et technique, résidences, accueil des habitants du quartier, diffusion des spectacles, espace de coworking. Les événements qui se déroulent sont dans les champs de la danse, théâtre, cinéma, musique, animations pour jeunes publics, ateliers.

Le projet de l’association se décline aujourd’hui en 3 volets principaux : une compagnie de danse contemporaine DIAGN’ART, un festival de danse DUO SOLO DANSE, un centre culturel LE CHÂTEAU.

ADÈLE : Collaborer avec beaucoup d’artistes, et les porteurs de projets locaux ainsi que les artistes en résidence chez nous, permet une programmation variée, non régulière, au gré des envies et des projets de chacun. 

Comment as-tu rencontré Le Château ? 

ADÈLE : J’ai travaillé pour l’association Diagn’art en tant que stagiaire il y a 8 ans, à l’occasion du festival Duo Solo Danse. Depuis, j’ai gardé un lien avec l’équipe. 

FALY : Comme je dis souvent, je suis un voisin avant tout, je venais tout le temps pour côtoyer Alioune Diagne, directeur de l’association Diagn’art et fondateur du festival Duo Solo Danse. J’ai travaillé comme bénévole pour le festival avant l’existence du Château, j’ai participé pour la biennale de Dakar à Saint-Louis comme gérant d’expositions et j’accompagnais aussi les artistes photographes étrangers dont Alioune me confiait les échanges à l’occasion de résidences. J’ai ensuite animé des cours du soir pour les enfants du quartier, bénévolement, car je m’étais attaché aux enfants et je tenais à ce qu’ils privilégient les études plutôt que de partir en mer. Question très présente puisque nous sommes dans le quartier des pêcheurs. 

Combien êtes-vous à faire vivre le château ? Quel y est ton rôle ?

ADÈLE : Nous sommes une équipe de 5 personnes, mais le lieu vit grâce à toutes les associations, partenaires et artistes locaux qui l’animent de leurs projets. Je suis coordinatrice du lieu. On peut dire que je le fréquente depuis 2018, mais je l’ai connu en 2011, lorsqu’il n’avait pas encore de bureaux pour l’équipe en son sein. 

FALY : Je suis le régisseur son, lumière et animateur culturel. Je fréquente le lieu quotidiennement depuis 2010, j’y suis très attaché. Je venais pour y regarder les activités et me tenir au courant de la programmation d’Alioune avant de petit à petit, donner des coups de main, puis donner des cours… je fais partie de l’équipe maintenant et j’en suis très fier. C’est la deuxième maison. 

Photo : Marion Mucciante
Photo : Marion Mucciante

Faly, tu voyages beaucoup pour des projets ou des formations. Tu as notamment participé à la dernière pièce de Philippe Quesnes sur les décors, mais tu fais également partie intégrante de la vie du Château. Est-il facile de jongler entre tous tes projets, tous les projets du lieu ? 

FALY : Nous accueillons beaucoup de professionnels et particuliers à l’international, en revanche, notre mobilité à nous est difficile. Nous tournons entre membres de l’équipe pour participer à diverses formations, forums… mais je ne laisserai jamais Le Château seul, même à distance. Côté formation, je pense que c’était important pour moi de voir d’autres projets – spectacles – réalisations pour pouvoir pouvoir mieux répondre aux demandes des artistes qui passent au Château. Plus chacun de nous participe à des formations et des projets, plus nous aurons tous les outils pour rendre les échanges aussi riches que possible sur notre lieu. 

Adèle, tu t’étais déjà passée par Saint-Louis dans ton parcours, au Château même, il me semble. À quelle occasion ? Qu’est-ce qui t’a poussée à revenir ? 

ADÈLE : Oui, j’étais déjà passée à Saint-Louis, dans cette même association à l’occasion d’un stage de 3 mois en communication, pour le festival Duo Solo Danse. Je suis également très attachée à ce projet que je trouve très humain. Je n’ai jamais coupé le lien avec cette structure, c’était pour moi naturel de revenir pour y travailler. 

Que penses-tu de la diffusion de la scène culturelle et artistique sénégalaise en Europe et particulièrement en France ? 

FALY : Les institutions françaises ont compris la nécessité d’accompagner les artistes sénégalais en leur donnant l’accès à des plateformes à partir desquels ils peuvent montrer leur talent et faire découvrir la richesse culturelle et la diversité des créations artistiques sénégalaises. C’est aussi une opportunité pour les artistes sénégalais d’enrichir et de s’enrichir auprès de leurs homologues français et européens, d’encourager et de pérenniser l’intérêt, au rendez-vous du donner et recevoir.

ADÈLE : Je trouve la scène culturelle sénégalaise présente en France, avec une variété conséquente de cours de danse Sabar, ainsi que dans le monde entier, avec la diffusion de la technique Acogny, en danse afrocontemporaine (voir l’article sur l’École des Sables).

Un mot pour demain ? 

NIOU DEM NIO FAR, Allons-y, on est ensemble en wolof. 

DIEUREUDIEUF, Merci.

Photo : Jonathan Chambers
Photo : Jonathan Chambers